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Nathalie Dersoit boulangère albi

« Quand on doute, c’est justement le moment de s’ouvrir aux autres »

Rencontre avec Nathalie Dersoit, 48 ans, ancienne professeure d’anglais, reconvertie en boulangère. Elle a été accompagnée 6 mois par Action Femmes Grand Sud à Albi, avant d’ouvrir Le Fournil de la Résistance au rez-de-chaussée de sa maison.

« J’ai été professeur d’anglais pendant vingt ans dans l’Éducation nationale. J’ai exercé en collège en région parisienne et à Gap. C’était un métier que j’avais toujours rêvé d’exercer depuis mon adolescence. Pourtant, au fil des années, j’ai commencé à m’épuiser. L’institution se montrait souvent maltraitante envers ses personnels et ses élèves, et je m’interrogeais de plus en plus sur mon avenir.

En parallèle, je me suis plongée dans diverses formations : aromathérapie, massages, poterie… J’ai aussi commencé à faire du pain pour ma famille, par goût et par conviction de consommer de manière responsable, avec des produits locaux et de qualité. Cette envie est devenue une passion et l’idée de me reconvertir dans la boulangerie a fait son chemin.

J’ai négocié une rupture conventionnelle avec l’Éducation nationale en 2021, un privilège rare pour les enseignants à plein temps. Puis, j’ai rencontré de nombreux boulangers « reconvertis », diplômés de l’École Internationale de Boulangerie, située non loin de Gap où nous vivions, mon mari et mes enfants. Je rêvais de suivre cette formation, mais son coût élevé (16.000 euros) m’en a dissuadée. J’ai donc choisi une autre voie. J’ai fait des stages chez plusieurs artisans boulangers pour appréhender le métier et me former.

Je me suis inscrite au CAP Boulanger que j’ai obtenu en juin 2022. Deux mois plus tard, nous avons décidé de nous installer à Albi. J’avais repéré une boulangerie proposant du pain bio, ce qui correspondait à mes aspirations. Mais impossible de trouver du travail. Certaines boulangeries me reprochaient mon manque d’expérience et d’autres ne voulaient pas embaucher de femmes. Par ailleurs, je me sentais seule dans cette ville dans laquelle je ne connaissais personne.

Heureusement, j’ai poussé la porte d’Action Femmes Grand Sud. Son soutien a été essentiel. Grâce à ma coach, Julie, j’ai pu formaliser mes idées et retrouver confiance en moi. En janvier 2023, j’ai décroché un CDD de six mois chez un paysan boulanger. J’ai réintégré l’association après cette période pour continuer mon suivi et participer aux ateliers.

J’ai pu rencontrer d’autres femmes aux parcours différents du mien, je me suis créée un réseau. J’ai aussi compris que je devais lutter non seulement contre mes peurs, mais aussi contre mes propres limites et celles que vous impose la société. Grâce à Action Femmes Grand Sud et au regard des autres femmes, j’ai retrouvé confiance et légitimité en tant que boulangère débutante.

Il faut prendre le temps de se repositionner et de valider ses choix. Cela ouvre de nombreuses possibilités, fait tomber les barrières, ouvre des fenêtres. En septembre 2023, j’ai décidé de franchir le cap de l’entrepreneuriat. Ce n’est pas dans mon ADN car j’ai besoin de sécurité. Mais j’ai fait la paix avec ma peur. Mon conjoint travaille et j’ai un patrimoine immobilier qui a facilité l’obtention des prêts pour m’équiper.

Mon fournil s’appelle le Fournil de la Résistance, comme le nom de la place où j’habite à Albi et il colle bien à mes valeurs. Je fabrique du pain autrement, avec des produits bio, et mon propre levain, dans des conditions de travail différentes de celles des boulangeries traditionnelles. C’était mon objectif.

Je travaille uniquement sur commande, deux jours par semaine, le mardi et le vendredi. Mes clients viennent récupérer leur pain au comptoir que je tiens au pied de ma maison. Après seulement un mois d’activité, je vois déjà que je réponds à un besoin dans mon quartier, surtout pour les personnes âgées qui peuvent commander du bon pain sans se déplacer trop loin.

Je suis heureuse de ce début de reconversion, car je travaille en respectant mes valeurs et en produisant de manière raisonnée. J’ai aussi du temps pour ma famille.

Mon message pour les femmes de plus de 45 ans en reconversion ? Quand on doute, c’est justement le moment d’aller vers les autres plutôt que de se replier sur soi. Je les encourage à rencontrer les intervenantes de l’association Action Femmes Grand Sud et à s’ouvrir à elles. Leur soutien m’a été inestimable, alors n’hésitez pas à pousser la porte.

Vous pouvez aussi retrouver Nathalie et son fournil sur Facebook et Instagram.

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